- usée
- usé, usée [yze] adj.ÉTYM. 1508; « accoutumé, usité », 1165; « habitué (à) », v. 1155; de 1. user.❖1 Vx. Dont on a fait usage; qui a été détruit par la consommation. || Matières usées (→ Excrétion, cit. 2).2 (1508). Altéré par un usage prolongé, par des actions physiques (frottement, etc.). ⇒ Détérioré; vieux. || Vêtements, tissus usés; hardes (cit. 7) usées. ⇒ Avachi, déchiré, déformé, défraîchi, fatigué, fripé, mûr (fam.), râpé. || Usé jusqu'à la corde (⇒ Élimé). || Usé et déchiré (⇒ Délabré). || Harnais (cit. 13) usés, raccommodés. || Cuir usé. ⇒ Culotté. || Tapisserie usée, élimée, passée (cit. 160) de ton. || Chaussure (→ Sale, cit. 1), semelle usée. ⇒ Éculé. — Banc (cit. 1) usé; margelle usée d'une fontaine (cit. 8). || Pièces de monnaie (cit. 1) usées. ⇒ Fruste. — Par ext. Que l'usure rend difficile à déchiffrer. || Inscription usée. || Initiales usées, sur un médaillon (cit. 2). — Hors d'usage. || Remplacer les pièces usées d'un moteur. — REM. En parlant de machines, de moteurs, de véhicules, etc., on se sert plutôt de vieux, hors d'usage, usagé, et, fam., foutu, mort. — Par métaphore. || Je me sens vieux, je suis une machine usée (→ Breloque, cit. 4).♦ Sali, souillé par l'usage. || Eaux usées.1 (…) dans le faux petit matin des égouts où ruisselaient interminablement des eaux sans éclat et tiédies que les urbanistes appellent les « eaux usées » (…)Pierre Gascar, les Bêtes, p. 105, 1953.3 Diminué, affaibli, par une action progressive. ⇒ Émoussé, éteint, fini. || « Tout est usé, aujourd'hui, même le malheur » (→ Multitude, cit. 4). || Souvenirs (2. Souvenir, cit. 6) usés. || Passion usée, refroidie. || Théories usées. ⇒ Démodé.♦ Fam. || C'est usé ! prononcé sans liaison [sɛyze] : c'est inutile, sans intérêt.4 (1636). Choses humaines; personnes. Dont les forces, la santé sont diminuées. || Corps usé, usé par l'âge. ⇒ Décrépit, dévasté (→ Supportable, cit. 1). || Les sens usés, usés par les excès. ⇒ Blasé (cit. 3). || Avoir le goût usé. || Usé de corps et d'âme (→ Lampe, cit. 17). — Usé jusqu'à la fibre (→ Ingrat, cit. 10, au moral) : qui n'a plus de goût à vivre, qui est blasé, dégoûté (→ aussi Ennuyer, cit. 9). ⇒ Lassitude.2 En 1836, Lousteau, fatigué par seize années de luttes à Paris, usé tout autant par le plaisir que par la misère, par les travaux et les mécomptes, paraissait avoir quarante-huit ans, quoiqu'il n'en eût que trente-sept.Balzac, la Muse du département, Pl., t. IV, p. 85.3 Il n'était pourtant pas facile de faire un chef de parti de ce duc d'Orléans; il était usé, à cette époque, fini de corps et de cœur, très faible d'esprit.Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, V.4 Ce n'est pas une vieille. C'est une femme usée, ravagée, pas une vieille.Aragon, la Semaine sainte, XII.5 (1690, Furetière). Qui a perdu son pouvoir d'expression, d'évocation par l'usage courant, par la répétition. ⇒ Banal, commun, éculé, rebattu. || Mots usés (→ Expressif, cit. 2), dont le sens est usé. || Termes vagues et usés (→ Horreur, cit. 1). — Maxime usée et triviale (cit. 1). || Calembour usé, rebattu (cit. 4). || Les redites les plus usées (→ Retentissement, cit. 3). || Rajeunir (cit. 5) un sujet bien usé. || Images vieilles et usées (→ Emprunter, cit. 16). ⇒ Ressassé.5 — On dirait qu'il y a dans les dictionnaires certains mots usés qui attendent qu'il paraisse un grand écrivain pour reprendre toute leur énergie.Rivarol, Littérature, I, VI.
Encyclopédie Universelle. 2012.